samedi 21 mars 2015

PEINTURE ET SLAM/ KONE ISSA ALIAS SAPERO DE FARAFINA : ‘’Dans 20 ans, je serai le peintre de la transmission’’

Sapero de Farafina
Sapero de Farafina est à l’état civil Koné Issa. Peintre et Slameur, il vit entre Korhogo et Abidjan pour transmettre son message aux populations. Issu d’une famille de dessinateurs,  il définit sa peinture entre l’abstraction et le réalisme. Avec une peinture qu’il rapproche de son slam, l’artiste fait du slam pictural.
Votre histoire avec la peinture remonte à votre enfance. Comment la racontez-vous ?
La première écriture pour moi, c’était le dessin, avant d’aller à l’école j’ai commencé par dessiner sur des bouts de papiers, par terre, sur le sable. 
Et ce qui d’ailleurs va influencer bien plus tard les tons, les couleurs que j’utilise dans ma peinture. Ma peinture a un caractère semi abstrait. Je raconte l’histoire des objets trouvés puisque je fais beaucoup d’assemblages, beaucoup de récupérations. 
Je raconte l’histoire que les objets trouvés racontent à mon passage. Selon  son rapport avec son environnement, chaque objet chargé de mémoire a une histoire. C’est une communication entre l’artiste et l’objet auquel je donne une autre âme, une autre vie. Du rapport entre l’objet et la société, beaucoup d’histoires qui se racontent mais le commun des mortels fait très peu attention.
L’artiste capte ces messages et les transmet à travers des expositions aux populations.

En vous réappropriant ces objets récupérés, votre message est-il écologique ?       
Le message écologique n’est pas à extraire. La récupération, c’est le rapport entre l’objet et l’artiste. Les verts, les écologistes ont récupéré cette façon de recycler parce qu’ils ont compris que technique et cette manière de travailler pouvait sauver. Donner vie à un objet qui n’en avait pas, rentre dans la création artistique.
Votre démarche est-elle comprise par le public qui pose son regard sur vos œuvres ?
Pendant de longues années, j’ai travaillé sur des œuvres qu’on ne pouvait pas exposer ou confiner dans les galeries. Pour me faire une idée de mon statut d’artiste-peintre, j’ai quitté Korhogo pour Abidjan dans le souci non seulement rencontré des experts à la matière, mais confronter mon travail à celui d’autres peintres afin de mieux comprendre qui je suis véritablement. 
C’est ce que j’ai fais ces cinq dernières années. Le public a toujours bien réagi face à mon travail et cela me donne beaucoup de rassurances.
Sapero de Farafina
Est-ce l’interaction entre le public et vous qui vous réconforte dans votre le travail ?
Je dirai plutôt le jugement des maîtres. Car voyez-vous, pendant une dizaine d’années, j’ai entendu dire que j’étais fort en dessin et en peinture. 
J’ai décidé de participer au festival de vacances cultures dans la catégorie peinture, et je n’ai pas été retenu. Après avoir vu le travail d’autres candidats, j’ai compris que je n’étais pas encore un peintre. A ce concours de jeunes talents, j’ai plutôt vu des experts. 
La frustration et la peur m’ont forgé. Ce choc m’a motivé au travail trois années plus tard, j’ai été lauréat national de ce même concours. C’est plus tard je suis venu à Abidjan rencontrer les maîtres. A la suite de leur appréciation j’ai eu confiance en moi et j’ai décidé de faire une véritable carrière en peinture.
Quels sont les événements auxquels vous avez participé et qui retienne votre attention ?  
J’ai organisé successivement quatre expositions à Korhogo dans le cadre de la recherche d’un climat électoral apaisé, la recherche de la cohésion social. Je ne voulais pas que mon pays soit un Rwanda bis. Ensuite, j’ai participé à des expositions organisées par l’ONU-CI tant à Korhogo qu’à Yamoussoukro. A Abidjan, j’ai pris part récemment à Abidjan Arts Festival. A Grand Bassam, nous devons faire des fresques sur les murs de la ville.
Le peintre vit-il de son métier en Cote d’Ivoire ?
La peinture nourrit son homme. Pour le moment, en Cote d’Ivoire c’est difficile parce qu’il n’y a pas d’acheteurs. La Cote d’Ivoire est une destination qui n’est encore rassurante car les mécènes traînent les pas. Tous attende que tous rentre dans l’ordre. Mais il y’a d l’espoir à l’horizon car beaucoup d’activités sont organisées aujourd’hui dans le milieu de la peinture. Dans dix, quinze ou vingt ans, je me vois entrain de devenir  le peintre de la transmission des expériences que j’ai accumulées.
Tableau de Sapero de Farafina

Quelle est la place du slam à coté de votre peinture ?
En peignant, je slame. C’est un slam pictural. C’est un slam de forme et de couleurs. Le slam, c’est la liberté d’expression, le partage de gaieté et de joie avec son public. La seule différence avec la peinture, c’est que le slam est oral. Le slam n’est pas bien connu en Cote d’Ivoire. Dans mon slam, je peins un arc-en-ciel de l’unité en Cote d’Ivoire parce que nous avons une diversité culturelle. J’évite les slam creux qui font juste rire. Le message doit conscientiser. Je parle des sujets que je maitrise, que je vis, que je sens. Je voudrais être un ambassadeur de ma culture dans mon pays, en Afrique et dans le monde.
Est-ce la situation sociopolitique de la Cote d’Ivoire qui vous inspire cette mosaïque ?
Si nous sommes d’accord que l’Afrique est le berceau de l’humanité, il est donc aberrant de voir qu’aujourd’hui la solution de la paix soit recherchée ailleurs. Nous avons trouvé les solutions à nos guerres à travers l’exemple des alliances interethniques, les plaisanteries, le cousinage, etc. j’ai grandi dans le creuset de la culture traditionnelle à Korhogo. Il y a dans nos cultures traditionnelles des richesses qui sont des réponses à des questions d’aujourd’hui. Il est paradoxal de voir que nous attendons que les réponses à nos problèmes viennent de mars ou de Jupiter
Réalisé par Ange Kader, cool constant T. 

Le Sursaut. Jeudi 19 Mars 2015 – N° 0107
    

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